Marathon du mont Blanc 2017 – récit
Mon 3ème marathon devait être dans la montagne et ce fût en ce 25 Juin 2017 le Marathon du mont Blanc.
Une aventure commencée par la prise d’un dossard solidaire qui me tenait à coeur pour une aventure au coeur des alpes autour d’un massif que j’affectionne particulièrement.
Je vais vous conter ma course, mon aventure, mon trail, mon marathon que j’appréhendais.
Je pourrais vous raconter cette course heure par heure, difficulté par difficulté, mais au vu de sa durée cela risquerait d’être un peu long.
Et puis je ne pourrais pas tellement à certain moment mon cerveau était sur off et que je ne sais comment j’ai passé plusieurs heures sur les sentiers de Chamonix.
Alors on va faire comme ça vient.
Une nuit des plus compliquées
Un marathon commence t-il sur la ligne de départ, au réveil, la nuit qui précède ou lors de la préparation?
Assurément pas sur la ligne de départ mais sans doute avant, et avant il y a la dernière nuit, arrivé de Paris sur les coups de 19H à Chamonix, je ne fais pas l’erreur du trail de la Vésubie et je trouve un bon resto pour un bon repas de pâtes après avoir récupéré mon dossard et posé mes affaires à l’hôtel situé à 1,5Km du centre ville.
Jusque là tout va bien, j’ai réservé dans un dortoir de 10 personnes, je suis le dernier à rentrer et me coucher vers les 22H. Sauf que 2 personnes ronfles déjà et que la fenêtre ouverte à cause de la chaleur laisse allégrement entrée la lumière, presque autant que le couloir menant à la salle d’eau de la chambre et des toilettes, couloir bien évidement sans porte, mais avec lumière intégrée.
Encore une fois j’avais tout prévu, suite aux mésaventures du trail de la Vésubie, boule kies et masque pour les yeux de sortie.
Sauf que c’était sans compter le chaud froid qui m’empêcha de dormi me tournant et retournant à passer du drap à la couette trop épaisse, pour finir par ne plus supporter mes boules kies, avant de me remettre sous la couette quand la pluie se mit à tomber abondamment vers 2-3H du matin.
Résultat des courses j’ai du dormir 3 à 4H à tout casser et de façon entrecoupé sur les 7H prévues et un réveil peu avant 5H du matin pour prendre le petit dej.
Pour preuve l’agitation de ma nuit :
En comparaison de ma nuit du mercredi précédent
C’est après un petit déjeuner agréable et bien pris et malgré une nuit pénible que je me rend sur la ligne de départ à 1,5Km de mon hôtel.
Le départ du marathon du Mont Blanc
Avant le départ je retrouve deux amis, on discute, ca se passe bien je stress un peu pour une des barrières horaires. On nous présente les favoris, un plateau de rêves les plus grand trailers mondiaux sont là, le plateau est exceptionnel.
Pour faire une comparaison avec le foot c’est comme si vous réunissiez Zidane, Ronaldo, Messi et 4 à 5 autres grands joueurs sur le même terrain dans la même équipe.
7H le départ est donné, et malheureusement je n’arrive pas à démarrer le tracker tech4Race que je dois tester pour une start up Française prometteuse. Du coup le suivi en live de mes supporters ne pourra se faire, mais c’est le risque avec un prototype. Nous étions 2 à tester, pour l’autre personne cela a très bien fonctionné.
Suite à ce soucis je range le tracker après 15minutes de courses à la sortie de Chamonix, en essayant de vérifier sur le site que l’information ne passait vraiment pas.
La traversé de Chamonix fut impressionnante, à 7H du matin voir autant de monde sur les routes et dans les rues fait vraiment chaud au coeur. Le plateau de trailers de rêve y était peut être aussi pour beaucoup.
Mais j’ai oublié de vous parler d’une chose; le temps. Il a fait super beau en France jusqu’à cette nuit, et ce matin nuages bas accrochés sur les montages et dans la vallée, au début on croit à une malédiction mais en fait le temps sera parfait pendant les 3/4 de la course pour moi.
Emporté par la foule et l’envie de bien faire les premiers kilomètres défilent, puis vient ce que tout le monde attendait, la sortie de la ville de Chamonix et un peu avant le 5ème kilomètre le premier petit dénivelé.
Je suis parti prudemment peut être même un peu moins vite que prévu, ce qui me stress un peu pour la barrière horaire du 30ème à 13H.
Le premier ravitaillement arrive assez vite au 10ème kilomètre, et je mets en place ma stratégie de course.
Sur cette course j’ai décidé de bien prendre mon temps sur les ravitaillements 15minutes au léger, et 25minutes aux complets (eau + nourriture). Tout ça dans l’optique de bien me poser, et de ne pas griller trop de force. Je reviendrais sur cette stratégie à la fin dans le bilan …
Je me pose, en profite pour récupérer mon decalco de la course, je bois, croise un ami qui repars aussi tôt, je vérifie que le tracker ne fonctionne vraiment pas, repars tranquillement mon verre d’eau plein tout en marchant. J’ai fait en gros 10min de pause, et suis en avance de 5minutes par rapport à mon temps de passage envisagé.
Le marathon commence vraiment
Jusqu’au 18ème kilomètre et le premier ravitaillement complet, je me souviens de presque rien, les traces sont larges, il y a de quoi doubler, je fais le cabri dans les descentes et fier d’appliquer les règles d’Eric Orton que j’ai rencontré sur Paris (Coach du livre Born to Run) et dont j’ai dévoré le bouquin (oui j’ai pas encore écrit dessus je suis à la bourre), je double dans les descentes beaucoup de monde. Tout ca malgré la pluie qui a fait son apparition pendant 30 à 45min alternant entre grosse averse et pluie fine. Impossible de se décider à mettre la veste, on fera sans.
Arrive le premier ravitaillement complet avant une longue montée de 6Km et quelque 1000m de D+.
C’est là que se trouvent certains de mes amis, tout étonnés de me voir et de m’arrêter pour leur dire bonjour. Mes autres amis coureurs sont déjà loin devant, moi je prends mon temps au ravitaillement pour bien m’hydrater et manger. Comme dirais les autres
T’as pic niqué ou quoi ?
C’est un peu ça, et je suis tranquille en sortant du ravitaillement avant d’entamer la vrai montée.
Une ptite vérification de la montre 2H20 de course, je suis bien j’ai 30 minutes d’avances sur mon temps prévu, mais en m’arrêtant 10 minutes de moins que prévu.
Le kilomètre verticale du Marathon du mont Blanc
Me voila au pied du kilomètre vertical de la course. Il y a du monde sa bouchonne sévère, malgré tout je vois un petit chemin que personne n’emprunte, moi j’y vais, plusieurs coureurs emboitent le pas, mais on se retrouve bloqué une centaine de mètres plus haut (en dénivelé)
J’ai prévu, ravitaillement compris 1H50 pour cette montée.
Je suis large sur la première partie, amenant mon avance à 40min sur mon temps prévu au niveau de la télécabine de Vallorcine. Mais après les choses se compliquent. On passe en single trace (une seule personne sur la largeur) tout le monde à la queue leleu, et là je commence à sentir le poids de mon sac.
Je viens de m’apercevoir que lors des autres ravitaillements je n’ai pas enlevé mon sac de mon dos, et après 3H10 de course je le sens au niveau des épaules, les douleurs montent.
Je décide de serrer les dents.
Le ravitaillement arrive enfin, j’enlève mon sac passe derrière les tables et passe en mode assouplissement. J’ai vraiment très mal. J’en profite pour faire une pause technique.
Je passe près de 20minutes à ce ravitaillement.
Il reste un peu plus d’un kilomètre pour le sommet de cette course à plus de 2200m d’altitude.
Après 4H de course me voilà à mi course au sommet avec 35minutes d’avances sur le temps prévu.
Lors de mon inscription on m’avait vendu les paysages magnifiques de cette course.
Les trailers de tout le WE on pu en profiter, sauf nous.
Comme je vous le disais le plafond nuageux est bas depuis le matin et nous sommes dans le brouillard.
J’en profite tout de même pour prendre une photo immortalisant cette mi-course.
J’en profite pour ranger mes bâtons, et je repars sans trop trainer car il fait un peu froid.
En avant la descente
La descente c’est mon dada tant que ce n’est pas trop technique, et lors de ce marathon du mont Blanc elle l’est quand même moins que lors du trail de la Vésubie.
Mais voila lors de mon dernier ravitaillement de près de 20minutes j’ai laissé passer un grand nombre de coureurs moins rapide que moi et je vais le payer cher.
Premièrement je ne suis pas dans mon rythme et souvent en attente, ensuite quand je veux lâcher les chevaux, je suis vite gêné par le coureur en contre bas. Je perds énormément d’énergie à me contenir.
Mon objectif en tête les barrières horaires qui vont arriver.
Cela ne m’empêche pas de discuter avec d’autres personnes lors des bouchons, et surtout quand je fais une magnifique glissade dans le contre bas. Je réussis à me rattraper aux branches et plantes.
Ouf pas de bobos et pas de conséquence sur ma course. Ce qui fait marré mes camarades de galère derrière moi.
La fin de descente arrive, les chemins s’élargissent je passe du monde et vois enfin la première barrière horaire, et en une fraction de seconde d’inattention je me tord la cheville et sens un petit crack.
Tout de suite plein de questions me taraudent.
Je fais quoi?
Je m’arrête?
Je regarde?
Je suis à chaud là, est ce que ca va tenir?
Je me dis de continuer et on verra bien à la prochaine barrière horaire que je redoute qui n’est pas loin et j’ai pour l’instant 45minutes d’avances.
Dans cette section entre les deux barrières horaire j’ai lâché les chevaux sur cette partie en descente bien large. Moins de 18minutes pour faire les 3Km entre les deux barrières, même en m’arrêtant au niveau d’une fontaine pour me rafraichir les bras.
Me voila donc tout content d’arriver à la barrière horaire avec près d’1H d’avance !
De plus je suis bien malgré mes 5H de course dans les jambes.
Les amis sont là, on prend quelques photos, on prend le temps de discuter.
J’en oublis presque le ravitaillement.
J’avais tellement peur de louper cette barrière de ne pas pouvoir aller au bout que je suis à deux doigts de pleurer en me disant maintenant c’est sur tu iras au bout tranquillement … enfin ca c’est ce que je croyais quand j’ai dis à mes amis
On se retrouve à l’arrivée
Il reste maintenant 12Km, je pensais avoir fait le plus dur mais voila
Le début de l’enfer
A la sortie de ce ravitaillement je me dis qu’il n’y a que 6Km avant le prochain et ca me semble bien facile, sauf que nous entrons dans la partie la plus technique du parcours.
Même si je me marre pendant 2Km, je vais vite déchanter.
Je n’ai pas enlevé mon sac au dernier ravito et j’ai encore mal au dos et épaules à cause de lui. Puis vient un problème d’eau et de nourriture, j’ai le sac trop lourd, des douleurs dans les jambes.
On est dans la forêt la monté est difficile.
On croise un bénévole qui nous annonce le ravitaillement dans 40minutes.
45minutes après nous sortons de la forêt, tout content d’arriver au ravitaillement. Mais pas de ravitaillement en vue. Je viens de laisser passer une belle cascade pensant qu’il était bientôt.
Une nouvelle personne nous indique le ravitaillement au loin tout en haut d’une piste de ski.
Je prends un grand coup au moral. Là je ne double plus personne, je me fais doubler par tout le monde, je suis mentalement dans le trou, et le soleil tape. Après avoir fait toute la course par 15° je passe direct à plus de 25°. Pas un arbre rien, des cailloux et c’est tout.
Je passe en mode survie, c’est vraiment le moment le plus dure, je pense même à abandonner tellement j’ai mal aux jambes et la pente approchant les 20% de moyenne n’arrange rien. J’ai pourtant fait bien plus difficile, mais là j’ai un passage à vide, j’ai faim, le sac me semble lourd.
Après plus de 25minutes de galères j’arrive enfin à ce ravitaillement.
Là, pas question de me ravitailler autrement qu’avec ce que j’ai dans mon sac hormis pour l’eau. Je me pose à l’ombre, 2 mecs sont en train de vomir, ce qui me rassure car je n’en suis pas là non plus.
J’ai mal géré mes ravitos et laissé trop de choses dans mon sac. Le but, sustenter ma faim avec tout ce que j’ai dans le sac et jeter ce qu’il reste pour les 5 derniers kilomètres.
Une fin de marathon du mont Blanc honorable
Après 25 minutes de pause, un sac vidé, je le trouve vraiment léger maintenant, comme quoi 1Kg ca change tout, je repars.
Cette fois ci je suis bien, les kilomètres sont tranquilles, le but n’est pas de se cramer, je sais que j’irais au bout. Les pierrets, les montés, plus rien ne me dérange. Au détour d’un passage délicat nous voyons en face de l’autre coté d’une petite vallée l’arrivée, ca semble loin mais en fait pas tant que ça, seulement 2,5Km soit une trentaine de minutes.
Tout le monde me dis de courir, mais non, comme pour tous mes marathons je veux profiter.
La ligne est là je suis ultra fier de moi, malgré mes 8H31’48 de course, une 1537è place anecdotique, comme le fait que je me suis fait doublé par un papi de plus de 70ans (V4) lors du dernier ravitaillement et qui finira 6 minutes devant moi. Respect Mr.
Les données de ma course :
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Bilan de mon trail
L’heure est au bilan, car tout ne c’est vraiment pas bien passer, et je suis encore en phase d’apprentissage.
Premièrement ma stratégie d’arrêt prolongé à chaque ravitaillement. Une erreur.
J’ai passé plus d’une heure aux ravitaillements, pour normalement me détendre, sauf que la majorité du temps je n’ai pas enlevé mon sac de mon dos alors que je sais qu’au bout d’un moment j’ai mal. J’ai aussi piétiné sur place, ce qui a fait que j’y ai laissé plus d’énergie que si j’avais continué.
Le deuxième effet de cette stratégie est de repartir continuellement derrière des gens moins rapide que moi. Et dans les single trace, et bien je perds de l’énergie à tenter de doubler, et de l’influx nerveux. Sans compter que je reste encore plus longtemps debout puisque je vais moins vite.
Troisièmement la peur de manquer ! J’ai encore foutu plein de nourriture dans mon sac, je dirais pas loin d’1Kg, et … je ne m’en suis pas servi. Forcément en faisant des pauses longues aux ravitos je n’ai pas eu besoin de prendre dans mon sac. Du coup c’était idiot de combiner les deux, avec des ravitaillements si proche.
Autre apprentissage, sur ce genre de trail le sac avec poche à eau est franchement pas pratique. Un sac beaucoup plus petit avec des flasques de 250ml est largement suffisant, le sac sera moins lourd, le remplissage des flasques plus pratique tout en respectant les 0,5L demandé. Vous gagnerez du temps au ravitaillement.
Il faut aussi prévoir des petits sac à remplir pour la nourriture, partir rapidement et utiliser ses propres réserves à bien prévoir, pas trop hein !
Mon prochain trail de 30Km en Aout lors des VT summit games me servira à tester ce que je viens de vous expliquer.
Après j’ai vraiment adoré cette épreuve, j’ai trouvé ca plus facile que le marathon de Paris, que ce soit en course qu’en récupération. Je pense recourir dès cette fin de semaine
Je vous laisse sur cette superbe photo du … Mont Blanc, depuis l’arrivée du marathon du Mont Blanc