Trail des Allobroges vallée du Brevon 2018 – récit
Pour ce trail des Allobroges tout à commencé lors du salon de la SaintéLyon 2017. C’est alors que je sympathise avec les organisateurs et glisse un petit papier dans une urne afin de tenter de gagner un dossard. Et juste avant le départ de la SaintéLyon le verdict tombe je suis l’heureux gagnant !
Après moult hésitations je décide de m’y rendre en préparant l’épreuve sur Paris sans trop de dénivelé malgré un parcours annoncé de 67Km et 4600D+.
Au programme 55Km en Avril lors du marathon et une sortie de 7h30 avec sac et victuaille début Mai.
C’est le vendredi que je me rends dans la vallée du Brevon pour un départ Dimanche 5H
Je ne sais pas encore à quoi vraiment m’attendre, ce sera mon trail le plus long, (après la SaintéLyon), et surtout avec 4600D+ bien plus que le marathon du Mont Blanc près d’une an plus tôt.
Antoine, l’organisateur répondra tout naturellement à mes questions dans une interview que je publierais sur le blog.
Vendredi, récupération des covoitureurs, descente sur Bellevaux, récupération des clés dans la station de Hirmentaz complètement déserte. Préparation du sac, repas, dodo vers 23H pour un levé prévu à 2H40.
Départ du trail des Allobroges
Levé difficile petit dej copieux en perspective, 7 km de voiture plus tard me voici sur le départ, sans épingle.
Un dernier coup d’oeil au profil, 8 grosses bosses, 2 petites, niveau ravitaillement on est bon.
je manque de peu le départ, je suis dans le speed, je n’ai pas tout d’accroché sur moi, je réussis à prendre une photo qui est dans le flou total tout comme moi.
Je suis dernier pendant un bon kilomètre, le temps de mettre correctement le dossard, les manchons pour les bras, les gants, la frontale, et oui à 5h il fait nuit.
A l’approche de la première monté je ne veux pas être dernier par peur de louper un balisage ou autre, j’accélère pour passer quelques coureurs et hop on est dans le vif du sujet.
Première montée direction Très le Saix
Une des raisons qui a fait que j’ai longuement hésité à aller sur ce trail est la description qui en était faite :
Un tracé très technique et très exigeant, sûrement un des plus difficile de France, dans un cadre majestueux entre le Lac Leman et le Mont Blanc.
Autant te dire que pour le quidam comme moi à qui il manque un bout de quadri, s’enjailler sur un des parcours les plus difficiles de France, ça fait peur.
Cette première montée; 5,5Km pour 800D+ à peu près, sera un test me dis je à ce moment là.
On est en groupe, ça grimpe bien, je suis à l’aise, je ne trouve pas le parcours très compliqué. La montagne est calme, les lueurs des lampes torches sont les seuls éléments auxquels nous raccrochés après le bruit des chutes d’eau qui nous entourent.
Arrive après 1H10 d’effort le premier sommet, au moment parfait, le lever du soleil.
Spectacle magnifique, je ne peux que m’arrêter pour prendre des photos et voir le soleil transformer les paysages que nous traversions jusqu’alors que de nuit.
Le jour est là la descente en sera facilité, je déroule tranquille, on est sur le début ne pas se cramer, les 4,5Km menant au premier ravitaillement sont fait en moins de 30min, malgré quelques embouteillage.
Un rapide coup d’oeil au ravitaillement pour voir ce qu’il y a, puisqu’on repasse par le même dans un peu plus de 15Km.
Là je n’ai pas fin alors je repars.
Je me dis que pour un des trails les plus difficile de France ça va le faire. Mais que je ne suis qu’au début.
M’aurait-on menti ?
2ème montée direction les sommets de la haute Pointe 1939m
Lors de cette montée je suis tout d’abord ébloui pars les paysages magnifiques qu’offre la montagne. J’aurais aimé pouvoir prendre des photos tout le temps pour vous faire partager ces images. Et je ne vous parle pas des bruits de l’eau et de la nature qui se réveille. Mais voilà je n’ai pas vraiment le temps, et le temps me stress quand au 15H de course et différentes barrières horaire.
En tout cas de mon coté je vais être bien réveillé avec un passage raté au niveau d’un ruisseau et les pieds dans l’eau bien fraiche des torrents de montagne. Mais ceci n’est qu’un avant gout, puisque la neige nous attend.
1Km de neige d’après les organisateurs (je peux vous dire que c’était juste une portion d’un peu plus d’1Km mais que cumulé ca devait bien faire 3-4), on y arrive justement.
Dans la forêt tout d’abord, puis un peu plus tard le champs de neige d’un km arrive et surtout dans la monté la plus ardue. Une neige bien dure, bien glissante, les organisateurs ne s’y sont pas trompé en y mettant une corde, chacun grimpe comme il peut, mais en haut quelle récompense, la vue sur le mont Blanc.
On n’est pas au sommet mais il y a de la place, il est bientôt 8H l’heure de mon petit déjeuner habituel, je me pause sur cette vue incroyable pour le prendre et soulager le dos en enlevant le sac.
Oui je fais des pauses à mes heures de repas habituel, je vous expliquerais pourquoi sur un autre debrief.
15 minutes de pause pour contempler cette vue que je peux vous partager.
Je repars vers le sommet, sur une dernière pente bien raide, cette montée a été bien plus difficile que la précédente, je range les bâtons dans le carquois Salomon grâce à l’aide d’une autre coureur.
Pas encore l’habitude de ce nouvel élément, mais ça viendra pendant la course.
3H15 de course et 17Km plus tard j’enclenche la descente, bien raide sur le début, puis roulante et là on rentre dans la difficulté. La descente est ultra glissante tout d’abord. Je suis plus tombé ici que durant toute la SaintéLyon c’est pour dire. Si ce n’est pas les rochers qui glissent, c’est la terre qui se barrent sous les pieds, ou la rosé qui a rendu la pelouse comme un toboggan, je vais d’ailleurs couper un virage sur les fesses.
Du coup les pierrier avec la rosée je vous en parle pas, mes mains et mes gants (que j’ai eu la bonne idée de garder) s’en souviennent.
Puis vient une portion de contournement qui amène au pied de la 3ème montée qui sur le papier est la plus facile 200D+ pour moins de 3Km.
3ème montée, le risque 0 n’existe pas en trail, direction Tête des Follys
Le trail est un sport qui comportent des risques, risque minime si on y est préparé et qu’on fait attention.
Là dans cette portion montée et descente, il y a des passages à flanc de montagne, avec de la neige/glace à peine tracé, au dessus de certain vide/descente bien abrupte, se louper et c’est la chute assurée 40 à 50m plus bas.
Cette portion m’a parue interminable, et dangereuse pour mon expérience, mais je suis venu ici pour me tester.
Lors de la fin de la descente je manque de me tromper de chemin pour aller au ravitaillement sur une portion où je peux m’exprimer et double bon nombre de coureur.
Je n’avais pas prévu d’arrêt, mais je fais une pause pour changer mes ravitaillement de place. Fin du ptit dej.
Il est 11H je repars avec 1h15 d’avance sur mon plan de marche.
Je termine tranquillement mon verre d’eau sur cette portion avant d’attaquer cette nouvelle montée. Mais y a t-il du plat ?
4ème montée, la double montée quand y en a plus y en a encore, Pointe des Jotty
J’avais un peu mal regardé le parcours et pas vu que ca allait monter en 2 fois après une légère descente, du coup j’en ai pas mal chié sur cette portion.
Lors de la première partie je fais connaissance avec un coureur de trail, Parisien comme moi, on passe un bon bout de chemin ensemble à discuter. Les filles se moquant allégrement de nous.
Chapeau à lui qui terminera sans bâtons !
Sérieux t’as fait comment ?
Jusqu’ici je trouvais le parcours difficile mais pas insurmontable, j’avais de l’avance, physiquement j’étais bien.
Mais voila que j’ai commencé à avoir des ampoules sous les deux gros doigt de pieds.
Ces ampoules ont commencé à m’handicaper sur les descentes qui sont pourtant mon point fort, impossible de mettre l’avant du pied par terre.
Après avoir terminé la première portion bien pentue, une vue incroyable sur le mont blanc s’offre à nous, la deuxième partie est moins compliquée on la passe à plusieurs, dès que la plat se profil j’en profite pour courir, car en monté c’est trop pentu pour, et en descente les ampoules m’en empêche.
La pointe des Jotty offre encore un parcours bien délicat à passer, mais le ravitaillement n’est pas loin après 4Km de descente.
Je vais souffrir le pendant cette descente des ampoules sur les doigts de pied. A la sortie d’un champs j’espère que le ravitaillement sera là, mais non il est sur le village suivant après 1Km sur le bitume, qui pour une fois est le bien venu.
Je vais en profiter pour aller voir la sécurité civile, pour soigner tout ca et mettre des pansement. J’avais prévu 30minutes pour manger lors de ce ravitaillement, me poser décompresser et enlever le sac. Ca fait 7H que je cours, il est midi, j’ai effectué 36Km pour plus de 2500D+, le plus difficile est passé, je ne crains pas trop la barrière horaire.
Mais voila je repars après 45minutes j’ai perdu un peu de temps à me soigner, mais j’ai bien pris le temps de me ravitailler et me poser.
La doublette Pointe de Miribel et Arrete d’Hirmentaz
La pose a fait du bien, j’ai bien mangé, mais j’avoue je n’ai pas regardé le parcours et j’aurais peut être du.
Car derrière moi sur la photo dans la forêt s’annonce une pente à plus de 30%.
4Km à peine pour atteindre la pointe de Miribel, mais 4Km en enfer !
J’ai bien appris sur mes ravitaillements, mais là, la pente impose un rythme soutenu, et j’ai clairement le ventre lourd, ce qui me donne complètement la gerbe et je n’arrive pas à avancer.
Il me faudra 1H15 pour faire ces 4Km !
Du coup je commence à m’inquiéter des barrières horaires à ce rythme avec mes ampoules qui m’empêchent d’avancer dans les descentes.
La descente avant la montée vers les arrêtes d’Hirmentaz est courte et ca me convient comme ça.
La monté vers les crêtes et la station d’Hirmentaz offre un panorama sur le lec Leman magnifique, on a l’impression de pouvoir le toucher.
Pendant toute cette section j’aurais 2 soucis, la chaleur, le soleil cogne, il y a bien des nuages, mais pas un pour couvrir ma route, et les ampoules qui me gênent.
Ce passage de crêtes est nouveau pour moi je n’en avait jamais fait en trail, et je trouve ca plutôt sympa. Alors bien sur je ne cours pas, je fais super gaffe à ne pas tomber et je prends quelques photos bien sur.
La descente à travers la station de ski n’est pas difficile mais usante, je passe d’ailleurs pas loin de là où je loge.
J’arrive au ravitaillement uniquement de liquide qui se situe à 20Km de l’arrivée, il est alors 15H15, ca fait un peu plus de 10H que je suis parti, je me dis que ca va le faire, mais je fais tout de même attention à la barrière horaire.
Dans 10Km dernier ravitaillement.
L’avant dernière monté le mont Forchat
Avant d’attaquer cette avant dernière montée, on traverse des village, beaucoup de route sur cette portion et une petite butte où je rattrape pas mal de gens.
Cette montée commencera à me faire comprendre pourquoi on parle de trail parmis les plus difficile de France dans sa catégorie.
La montée commence soft mais la fin est juste terrible, encore plus de 30%, quand tu crois que c’est terminé à chaque virage ca se fait plus pentu, La vue au sommet est belle, mais je n’en profite pas malgré mon arrêt. Je commence à être proche de mes limites et il reste 13Km !
Je me lance dans la descente en espérant vraiment arriver vite au ravitaillement.
Mais voila depuis mes ampoules du 30ème je pose mon pied n’importe comment et je sens que j’ai d’autres ampoules sur les talons et le pied.
Au ravitaillement je vais direct à la sécurité civile, et en enlevant mes chaussures, les secouristes me demandent si je veux vraiment continuer. J’ai 2 nouvelles ampoules sur chaque pied, dont 2 recouvrant chacun de mes talons.
Heureusement un militaire est là il me fait des pansements pour les 10derniers kilomètres mais ca n’empêche que ça brule. Ca m’aura couté 20minutes d’arrêts.
J’en profite pour vide mon sac du moindre gramme de ravitaillement qui ne me servirait à rien. 10Km c’est 3H au pire.
Vers le sommet de mes limites, dernières monté les Granges de Lulin
La descente est plus simple que les autres, je rattrape du monde, je me sens plutôt bien sur ces portions roulantes, et j’imagine une dernière monté tranquille.
Mais voilà ce sera la pire, 500D+ en moins de 2Km ! des pentes à plus de 30% dès le début, des lacets sur la fin dans la forêt interminable.
Je fait une partie de la monté avec le parisien croisé plus tot.
Mais après 30minutes à ne plus en pouvoir, avec cette impression de faire du sur place et de ne jamais voir le sommet dans cette forêt dense, je lui dis de continuer, et je m’assois sur une souche, je laisse filer l’objectif sous 15H qui était la barrière horaire initiale remonté à 16H.
Je me dis que celà ne sert a rien de se faire plus mal.
Je suis en mode :
J’en ai marre,
Je reste là
J’en peux plus
Je sors à manger, et passe un coup de téléphone à la famille, après un peu plus de 10minutes, je repars et quelle surprise en fait j’étais presque au bout de cette montée, infernale, mais mon téléphone qui déconnait totalement sur les distances ne pouvait me l’indiquer.
Comme quoi il ne faut jamais rien lâcher.
J’avais lâché mentalement mais j’étais si proche de la délivrance.
Direction l’arrivée
Il me reste donc 35-40 minutes pour un peu plus de 4,5Km si je veux être sous les 15H.
Malgré mes pieds qui me font horriblement mal et un début de descente ultra technique, j’essaie d’y aller. Mais voilà le parcours est difficile sur cette première portion mais je ne lâche rien.
La descente est de plus en plus facile, je rattrape à 1Km de l’arrivée mon compatriote de course du jour, je le double, j’accélère, je sens que ca va le faire, c’est limite, j’arrive sur la ligne, je passe.
Je demande mon temps 14H59″46 !
I did it ! Dans la douleur mais je l’ai fais ! Seul ou presque durant ces 15H
Pour l’anecdote, après le repas je demande à la sécurité civile s’ils bossent encore car j’ai des ampoules, leur réponse m’a fait tellement marrer
Ah mais c’est vous avec toutes les ampoules ?
On a été prévenu par le dernier ravitaillement.
Contente que vous soyez arrivé au bout.
Venez avec moi.
ils avaient mis de coté des compresses et bétadine pour moi !
Le mot de la fin
Je retiendrais une épreuve difficile, tous les terrains possibles étaient là, du sec, de la boue, de la neige, de la foret de la route, des pierres, des souches, des trous, des rivières, des crêtes, des champs d’herbes et j’en oublis.
Le temps était propice à des paysages magnifiques, j’ai eu le droit à un super lever de soleil, une vue sur le mont blanc et le lac Léman magnifique.
Une organisation au top, des bénévoles sympas et ultra motivés, des secouristes que je découvre pour la première fois lors d’une course, disponible et efficace.
J’ai touché lors de cette course mes limites du moment, j’étais dans l’inconnu seul et c’est ce qui est le plus difficile pour moi.
Les deux plus grosses difficultés étaient sur la fin ce qui m’a poussé mentalement dans mes retranchements.
Alors oui les ampoules n’ont pas aidé mais c’est le jeu, les chaussures ont pris la direction de la poubelle après près de 2ans, elles sont certainement la cause de mes ampoules, du moins déjà pour celle du talon, la mousse ayant rendu l’âme à ce niveau avec des trous.
Ma course
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Remerciements
Merci à tous ceux qui m’ont soutenu.
Merci à tous mes amis et la famille qui ont participé aux cadeaux d’anniversaire, car les bâtons et le carquois Salomon étaient vraiment indispensables pour moi sur cette course.
Grâce à vous j’ai mes 2 courses à plus de 85pts, et vais pouvoir envisager la suite sereinement pour une préparation diagonale des fous en 2019 qui commencera dès fin Juillet par la 6000D et ses 65Km et 3350D+ ayant gagné un dossard grace à St Yore
À bientôt
Antoine