Marathon Race Maxirace
La Maxirace est un évènement de plus en plus important sur la planète trail, puisque la Maxi Race a maintenant son propre réseau de courses autour du globe.
A la sortie de la Diagonale des fous, je n’avais pas l’envie, ni les capacités physique de me relancer dans une course. Il fallait d’abord que je me soigne, aussi bien au niveau du corps que de l’esprit après ce qui restera pour moi un échec sur l’ile intense.
Mais aujourd’hui s’inscrire à une course se prévoit plusieurs mois à l’avance, alors quand la team s’inscrit pour cette MaxiRace à Annecy (même si on se trompe de date pour le tour du lac), je prends aussi un dossard pour la marathon race de 60km et 3500 D+ prévu pour ce premier week end de Juin.
Shokz Marathon Race de la Maxirace
S’étant trompé de jour de réservation pour le tour du lac, on se rabat sur la course surprise de 60km sans vraiment lire les conditions. Quand tu découvres que pour ta course de reprise les barrières horaires sont calculées sur la base de la cote ITRA 500, tu te dis que cette fois tu vas fleurter avec les serres files malgré ton départ en vague 2 (quelle super invention ces sas en trail)
La marathon Race est habituellement une course surprise. On te donne RDV dans un bus au milieu de la nuit pour rejoindre le départ et Yolo !
Mais pas cette année. Le parcours de cette course est le support des championnats d’Europe de trail qui ont lieu la veille sur la même trace divulguée en amont. Donc pas de surprise sur le papier pour cette année 2024.
Bravo à la razia de médaille des Francais(es) qui ont tout gagné.
Le parcours
Le profil
Analyse
Sur le papier cette course me plait, les montées sont le plus souvent longues (sans relance), pour avoir randonnée autour d’Annecy, c’est plutôt un terrain de forêt et accessible, pas vraiment technique. Un peu de cailloux sur le début du parcours vers Faverges.
La descente finale sur Annecy me paraissait interminable en randonnée, elle le sera aussi sans doute en course.
Point bas 450 mètres d’altitude. Au max 1600/1700 mètres.
Point particulier seulement 2 ravitaillements en solide.
Point négatif, pas de dépose de bagage pour cette course. Heureusement qu’il n’a pas plu. Mais finir trempé, aussi bien par la transpiration que par la boue sans pouvoir se changer rapidement avec des affaires propres bof bof.
Alimentation
Dans mon sac
- 4 barres chocolat decathlon
- sachet de 15 minis saucissons
- 1/2 baguette
- 50gr de comté
- 1 barre cliff
- 30 gr de fruits séchés
- 2 tranches de brioches
- 1 paquet de m&m’s
- 1 pompotte
- 1 pastille de TA
- 1 banane
Aux ravitaillements
deux bout de banane, et une limonade maison
Condition météo
Ca fait des mois qu’il pleut beaucoup en France, mais pour ce WE nous serons épargnés pour les courses. Le terrain est très très boueux.
Il fera ce dimanche entre 8 et 20° avec de la brume par endroit et les nuages accrochés sur les sommets. Une ou deux légères ondés sont passées.
Matériel
- Les batons. Une première depuis 4 ans, mais le fait que ce soit une course de reprise et la boue attendue, je préfère être prévoyant.
- Sac salomon 12l. Trop grande capacité mais sac un peu plus étanche par rapport au 5l
- casquette
- frontale petzl petite (pas servie)
- lunette de soleil (pas servie)
- chaussure akasha de la sportiva, gros crampon pour la boue
- veste de pluie (au départ à cause du froid)
- cache cou pour le départ
- manchon pour le départ
- 2 gourdes de 500 ml
Récit marathon Race de la Maxirace
L'avant course
Départ de Paris samedi matin direction Annecy.
Comme à mon habitude j’oublie des choses, mon sac de fruits pour le ptit dej et la pompotte pour le ravitaillement. Rien de bien grave.
Mon principal problème vient surtout de soucis gastrique important que j’ai depuis mercredi soir. J’ai énormément de mal à digérer, avec beaucoup de spasmes dès que je mange et je vais rapidement aux toilettes, sans pouvoir vraiment me retenir. Ces problèmes récurrent sont liés à ma dernière Diagonale des fous, et sont les derniers à régler au niveau santé, et j’y travail.
Samedi après-midi récupération des dossards, et pas de consignes au départ ! (Pas du tout à mon gout vu le temps) On passe du temps sur le village, un peu les pieds dans la boue, beaucoup dans les transats, à coté de l’équipe de France qui brille lors de ces championnats d’Europe.
On repart vers 16h. Course, manger à 19h, au lit vers 21h après avoir préparé le sac avant de terminer dans les bras de Morphée vers 22h.
Pendant le repas je m’aperçois que j’ai oublié le jambon pour mon sandwich (franchement je n’ai pas de tête en ce moment). Après réflexion, au lieu de sortir en acheter je vais tenter autre chose. J’ai assez de minis saucissons dans le sachet pour une course de 60km (plus de un par heure).
Nous recevons avant de nous coucher un mail énigmatique de l’organisation sur des soucis météo et risque pour la course avec 4 scenarios possibles. Mais voilà la météo n’annonce pas vraiment de pluie à l’horizon.
En route pour l'aventure !
Dimanche réveil à 2h30, toujours des soucis d’estomac. Le Bus est à 3h45, on arrive sur les lieux du départ à 4h30. Un fois sur place nous attendrons 1h, entassé dans les tribunes à tenter de se réchauffer.
Vers 5h15, nous sommes tous invités à nous diriger dans nos SAS sur la piste du stade de Faverges. Puis vient la prise de parole des organisateurs. On sent la fébrilité derrière le micro et surtout qu’ils tournent un peu autour du pot. Mais voilà que l’info tombe, ils nous expliquent qu’ils se laissent la possibilité de couper la course au 45eme km en tentant de laisser passer le maximum de monde.
La cause,
un terrain quasi impraticable sur la fin.
Ce terrain impraticable, et rendu impraticable par la Maxirace de la veille, avec le passage de plus de 2000 coureurs, rendrait l’intervention des secours trop dangereux, même pour eux.
Un silence presque religieux vient de s’abattre sur le départ de la course. Le climat est étrange et loin des grands départs à coup de musique et de feux d’artifice.
Avec Charles nous sommes en vague 2. Plus de 300 coureurs de la vague 1 nous devancent de 5 minutes au départ, dont Oriane.
L’objectif originel qui était d’attendre Xav, partant en vague 3, vient de changer.
Nouvel objectif, se donner une chance de passer cette barrière dont on ne maitrise pas tous les éléments.
Le calcul que nous faisons est simple. Arriver au 45eme avant les élites de l’autre course (le 42km emprunte la fin de notre parcours mais part à 11h), rattraper ceux de devant et mettre moins de 6h pour 45km et 2700d+. Alors bien sur, à ce moment là, c’est ce qu’on imagine, nous n’avons pas d’information pour confirmer notre calcul et notre stratégie.
On part au carton sur ce trail.
Mal entrainé de base, je le suis encore moins pour un RP sur ce genre de sprint ! Mais perdu pour perdu, je débranche le cerveau et me surprend.
Nous voila parti pour une remontada !
La première montée se fait sur un rythme rapide, +800m/h. 14.7km 850d+ : 1h45
Nous sommes passés de la 550ème place à la 341ème. Pour l’instant le terrain est bien normal pour un trail.
Un seul objectif passer le 45ème kilomètre
Partir pour un 60km proche des barrières horaires, aussi haute sont elles que la cote itra 450, (cote personnelle > 550), en tant que course de reprise et courir un 45km à bloc, n’amene pas du tout la même stratégie de course. Et surtout du point de vue de l’hydratation et de l’alimentation.
La seconde montée se fait en 3 étapes.
Depuis le 1er ravitaillement je suis devant charles. Il a du faire une pause pour des soucis avec ses bâtons. Réparation faites il repart plus de 5minutes après moi, malgré une légère perte de temps pour moi, due à mon hésitation à aller aux toilettes …
Cette 2ème montée part sur des rythmes démentielles ! J’ai sortis les bâtons pour la 1ere fois depuis 4 ans. Ca va se sentir quand il faudra les ranger dans le carquois. Je vais galérer. Mais là, dans cette montée, je grimpe entre 900 et 1100m/h, quand je ne suis pas bloqué par les coureurs. Je ne suis pas Killian ou Blanchard, mais je peux vous dire que ça dépote ce rythme. Seul 2 coureurs me doubleront et Je remonte près de trente coureurs. (310eme, les places vont avoir de l’importance mais je ne le sais pas encore)
Sortir les bâtons sur cette montée me transforme en machine. Merci encore une fois aux stages avec Jean Pierre Camm pour le travail avec bâton plus marche nordique.
Petite aparté, apprenez à vous servir de vos bâtons. La grande majorité ne sait pas s’en servir, et trimbale au mieux ses bâtons, au pire est dangereux avec. 2 coureurs ont faillit nous embrocher.
Faudra pas se plaindre quand ils seront interdit partout …
Arrive un ravitaillement, au quel je vais faire ma première erreur. Mais ce ne sera pas mon premier problème.
L’organisation indique bien, sur un panneau, qu’il n’y aura pas d’eau pendant 17km et 800d+. Mais je jauge mal l’eau qu’il me reste dans une flasque. J’en ferais les frais plus tard.
Je passe ce ravitaillement comme un avion et continue ma course folle après le chrono et les coureurs.
Je regarde de temps en temps l’application pour voir où se trouve tout le monde. Mais impossible de revenir sur Oriane. Je la sais très forte, c’est un vrai challenge pour moi. Je n’ai jamais réussis à lui reprendre du temps, mais j’ai tenu sans trop en perdre pendant près de 27km.
L’appli me dit après 20km que je peux terminer en 7h15 !!! Je rêve. Et surtout je me sens bien. Alors je me dis rêvons 5h45 au 45eme et 8h45 à l’arrivée !
Et si c’était possible ?
Le difficile retour à la réalité
Mais l’euphorie du chrono, me fait oublier le signal de l’euphorie du corps.
En général quand je me sens trop bien, avec une impression de voler en trail, c’est que ça ne va pas tarder à …
ce que j’ai une fringale / hypoglycémie.
Je ne saurais l’expliquer, mais j’avais entendu dans un podcast un traileur pro et un médecin parler de cet effet. Malheureusement je ne retrouve pas ce dernier. J’ai une sensation d’un coup de facilité en course, mes jambes deviennent légères et ma foulée très aérienne. J’accélère même le rythme pendant 5 à 15 minutes. Je regarde en face le paysage, j’ai le sourire, j’aime ça, ce sport, la nature, c’est l’euphorie, j’ai envie de crier …
J’ai appris pourtant, à le repérer ce signal, mais là il est arrivé pendant une euphorie globale. Je n’y ai pas fait attention.
Le soucis c’est que si je n’y prête pas attention, juste derrière c’est la claque. Et là bien sur c’est ce qui c’est passé, avec cette fois les signes de l’hypo.
- Ventre qui gronde
- sensation de faim extrême
- envie de dormir
- sensation de vertige
Au 23eme km j’étais 259eme en 3h09.
A peu près 2 kilomètre après ce point, en pleine montée, le ventre c’est mis à gargouiller et j’ai été pris d’une envie de dormir. Je suis pris d’une énorme fringale, résultat d’une stratégie de nutrition adaptée à un effort plus long et moins fort, mais pas du tout pour le rythme actuel, qui aboutie à ce problème. J’ai une arme contre ça, la barre de cliff. J’en prend une moitié et prend de l’eau pour que ça passe plus vite.
Je repars dans mon ascension folle, après y avoir laissé un peu de temps, mais je sais que j’ai un problème latent avec l’alimentation.
Charles me rattrape peu après. Dans la descente lorsque je veux rentrer les bâtons dans le carquois je galère, ce qui me fait laisser passer une dizaine de coureurs. Pourtant jamais ils ne doivent me dépasser. Je resterais ensuite bloqué derrière eux un moment avant de pouvoir repasser. Cette fois Charles m’emboite le pas, mais j’ai encore très vite faim, alors qu’une belle montée nous attend.
En 2 kilomètres je perds totalement pied, la barre de cliff m’a donné soif et je m’aperçois que je n’ai pas assez d’eau pour aller jusqu’au prochain ravitaillement. Le plan de notre dossard est faux et je n’arrive plus à réfléchir, et me dire que ce ne sont pas les bonnes distances dessus. Je ne fais que me faire doubler. Terminé la remontada.
La faim me tiraille, au plus mauvais moment, juste lucide pour passer le sommet extrêmement technique et dangereux. J’aurais du ranger mes bâtons pour l’occasion.
J’ai froid, j’ai faim, je m’arrête une fois le sommet passé. Je suis maintenant 299ème. J’ai mal fait mon sac et pas découpé mon pain. Je perds du temps à l’enlever pour récupérer pain et fromage, et des wagons de coureurs passent.
La résignation
Le début de la descente est facile, et pourtant je ne peux courir, Charles doit m’attendre, je termine mon pain et mon fromage. La suite est une très, très longue descente, sur chemin forestier, route de montagne sans asphalte. Ca devrait m’aller, mais non rien ne va. La descente tape et me donne envie d’aller uriner. Ce que je fais rapidement, tellement je vois que je me fais doubler et que mon rythme de plus de 8 minutes par kilomètre (devrait être à moins de 6), me mine le moral
Arrive enfin le ravitaillement en eau, sauf que je me suis limité le pensant 3 kilomètre plus loin. Et oui je n’étais plus lucide pour savoir que le parcours imprimé n’était pas le bon. Résultat du manque d’eau, j’ai d’énormes douleurs aux quadri qui m’handicape. Charles m’a attendu 3 minutes à ce ravitaillement de Villard-dessus.
Et puis pour parfaire les chose, une fois reparti a fond dans la descente, cette fois c’est l’autre envie qui m’empêche de courir. Le prochain ravitaillement et WC est dans 3 kilomètres !!! Ca va être très long. Et pourtant je me remets à rattraper des gens.
Une lueur d'espoir
Après avoir traversé le gymnase en courant pour trouver les WC, et près de 10 minutes de perdus, j’essaie de faire repartir Charles qui a un coup de moins bien.
Il faut dire c’est un peu l’expectative, pour l’instant personne ne sait vraiment si la course est coupée, et, maintenant je le sais, elle ne l’était pas encore au moment où on part du gymnase au 41,5 kilomètre.
Charles pense que c’est foutu et lâche. J’entends dire que c’est coupé, mais Oriane vient de passer au 46ème. Je suis à moins de 4 kilomètres derrière, j’ai une dernière lueur d’espoir de faire toute la marathon race de la maxirace.
Finalement un peu après le 44ème kilomètre nous sommes arrêtés, il est 12h11 pour moi, je suis 389ème et 213 traileurs ont pu passer sur 915 arrivé jusqu’ici. Notre calcul du début était bon, il fallait arriver avant midi au 45ème kilomètre. Les évènements de courses ont fait que ce n’étais pas possible pour moi aujourd’hui.
Direction le bus, pour nous emmener au collège où nous l’avons pris à 3h45 ce matin, afin de terminer cette course un peu particulière.
La fin improbable
Dans le bus qui nous ramène vers le collège, on se dit qu’on attendra Xavier la bas. On a un peu de chance une averse arrive pendant qu’on est dans le bus.
Pendant l’attente du bus de Xavier, on suit l’avancé de la remontada d’Oriane et on se dit qu’avec un peu de chance on va tomber dessus sur la fin de parcours.
Je presse tout le monde une fois Xavier arrivé. Après un si grande pause les jambes sont un peu dure. Et dans la descente menant à la passerelle se situant à 1km de l’arrivée, j’entends derrière moi :
Hey Clément qu’est ce que tu fais là ?
Oriane venait de nous rattraper. Avec Charles on arrive à la suivre alors qu’elle tente de rattraper deux femmes devant elle. Xavier lui est carbo et puis ce n’est pas son rythme. Comme il le dit, il n’a plus 30 ans non plus ! Mais c’est pas grave Xav, t’as été solide aujourd’hui.
Pas grave, Oriane passe la ligne, puis demi tour pour Xav. Ce qui donnera ces superbes photos d’arrivées et sans doute un des meilleurs moment que j’ai pu vivre finalement en trail.
Bilan
Je ne vais pas me cacher, même si je n’ai pas pu faire la course entièrement. Ma forme malgré le peu d’entrainement m’étonne.
Je n’étais pas déçu après la course de ne pas avoir fait tout le parcours. Mais avec le recul, je me dis qu’il y avait la place pour, en partant sas 1 et en gérant un peu mieux. Les sentiments sont paradoxaux, entre petit gout d’inachevé et ces 27/30 premier kilomètres à un très bon rythme.
Pour parler un peu du choix des organisateurs, je ne suis pas choqué, même si je pense que ca aurait pu passer pour les 400 premiers, qui avaient je pense l’expérience suffisante pour le faire.
Les plus
- Les paysages
- Annecy
- Le ravitaillement de fin
Les moins
- Pas de consignes
- Pas de navette avec le centre ville
Le mot de la fin
J’espère que les organisateurs penseront à nous pour une future inscription !
En 2024 l’objectif c’est le MIUT, avec l’ultra-trail project, donc pas possible de retourner à Annecy en étant en forme, par contre faire le tour du lac en 2026, ca me tenterait bien.
C’est la deuxième fois que je vais à Annecy, et cette ville m’attire de plus en plus. Si t’as un boulot pour moi appel moi LOL
Mon livre : "Un rêve en Diagonale"
Retrouvez dans le livre « Un rêve en Diagonale », le récit de ma traversée de l’ile de la réunion lors de la Diagonale des Fous.
Tout du long de mon histoire, je vous livre mes conseils et ceux de professionnels, pour la reprise du sport, la pratique du trail et la réussite de cette entreprise, qu’est de se lancer dans le Grand Raid. Une aventure qui vous marquera à jamais.